Bienvenue dans ce nouvel "épisode" du guide : comment créer un podcast en 10 étapes, disponible en version complète PDF. Aujourd'hui, on se concentre sur l'apprentissage des bases de la réalisation audio. Nous avons tenté de simplifier au maximum les concepts pour les rendre compréhensibles à un public novice en termes de réalisation audio.
La réalisation audio, c’est avant tout une question de précision et de qualité d’enregistrement. Une bonne prise de son est la première clé pour faciliter le mixage et éviter des corrections complexes. Une fois l’enregistrement réalisé, le mixage nécessite une écoute attentive, avec un casque ou mieux, une enceinte de monitoring. Enfin, l’égalisation et l’ajout d’effets sonores viendront affiner et sublimer le rendu final en jouant sur les volumes et la dynamique du son. On vous explique tout.
Prenez le temps et laissez vos oreilles vous guider.
La prise de son : le cœur d'une réalisation audio réussie
L'environnement
Le cœur de toute réalisation audio réussie repose sur une base solide : la qualité de l’enregistrement. Une mauvaise prise de son, c’est comme cuisiner avec des ingrédients avariés : aucun mixage ne pourra véritablement sauver la recette. Quel que soit le microphone que vous aurez choisi, l’environnement joue un rôle clé. Ne croyez pas qu’on peut enregistrer partout.
Enregistrer dans une pièce avec trop de réverbération, comme une salle de bains, ou dans un lieu bruyant peut ruiner la qualité du son. Les logiciels de montage ne pourront pas supprimer les échos ou les bruits parasites post-production. Privilégiez donc un lieu calme, avec peu d’écho.
Si possible, investissez dans des panneaux acoustiques pour minimiser les réflexions sonores, les tapis font également cet effet. Si vous êtes contraint d’enregistrer dans un environnement bruyant, comme un café ou une rue, enregistrez 5 minutes d’ambiance sonore. Cela vous aidera lors du montage pour faire des raccords propres.
Dans un lieu calme, optimisez au maximum l’acoustique de l’espace. Éloignez-vous des sources sonores indésirables comme les frigos ou les ventilateurs. Vous pouvez même utiliser un ordinateur à refroidissement passif pour éviter les bruits de fond.
Le gain du microphone
L’idéal est de toujours enregistrer avec une marge dynamique d’environ -6 dB, pour éviter la saturation du signal et garder une bonne qualité sonore. Si le niveau est trop élevé et sature, baissez simplement le gain du microphone. Lors de l'enregistrement, vérifiez bien que le signal sonore varie sans jamais dépasser cette limite.
Distance avec le microphone
Lors de l’enregistrement, placez le microphone à environ 5 à 15 cm de votre bouche ou celle de votre interlocuteur, afin d’obtenir une voix nette, pas trop saturée. Cette proximité permet de réduire les bruits ambiants, mais attention aux plosives (comme les « p » et les « f »). Utilisez un filtre anti-pop pour éviter que ces sons ne perturbent votre enregistrement.
Format d'enregistrement
Ensuite, faites attention au format d'enregistrement. Évitez le MP3 pour la capture brute. Enregistrer en WAV, 48 kHz/24 bits garantit une meilleure qualité et plus de flexibilité lors du montage. Ce format est moins compressé et conserve la richesse du son. Si vous souhaitez appliquer des effets de ralentissement ou d’étirement, poussez jusqu’à 96 kHz pour éviter les artefacts sonores.
Par exemple, si vous utilisez Audacity, logiciel gratuit et open-source, vous pouvez facilement configurer l'enregistrement en WAV, il est d'ailleurs par défaut. Audacity vous permet non seulement d'enregistrer à partir de votre microphone ou d'une table de mixage, mais aussi de choisir des paramètres d'enregistrement tels que 48 kHz/24 bits pour capturer un son de haute qualité.
PS : Si vous envisagez d’appliquer des effets de ralentissement ou d’étirement, vous pouvez pousser jusqu’à 96 kHz pour éviter les artefacts sonores, afin de garantir une qualité optimale tout au long du processus de montage.
Audacity est un exemple de DAW (Digital Audio Workstation), il en existe une multitude d'autres, à vous de voir lequel vous conviendra le mieux.
Utilisation d'un casque et sauvegardes
Un autre point important est l'usage d’un casque fermé pour surveiller ce que capte réellement le micro. Pensez à brancher un casque en sortie pour vérifier vos enregistrements (durant l'interview, pas forcement durant la phase de mixage).
Enfin, ne sous-estimez jamais l’importance des sauvegardes. Dès que vous avez terminé l’enregistrement, dupliquez vos fichiers sur plusieurs supports pour ne jamais risquer de perdre votre travail.
Structurer votre session : organiser pour mieux créer
Chaque piste audio mérite son espace. Un bon réalisateur audio sait qu’il doit organiser ses pistes avec méthode. Une règle de base : regrouper chaque type de son sur des pistes distinctes. Une piste pour les voix, une autre pour la musique, une troisième pour les bruitages. Cela simplifie non seulement le mixage, mais aussi l'application d'effets spécifiques. Vous pouvez attribuer des couleurs à vos pistes, par exemple, bleu pour la voix, orange pour les bruitages. Attention : tous les logiciels ne proposent pas cette option.
Choisir des enceintes de monitoring : la vérité du son
Une fois l’enregistrement en boîte, arrive le moment du mixage. Ici, vos oreilles deviennent vos meilleures alliés. Mais pour bien les guider, il vous faut de bonnes enceintes de monitoring, telles que les Yamaha HS5, souvent recommandées pour les débutants. Contrairement aux enceintes hi-fi, les enceintes de monitoring ne cherchent pas à enjoliver le son : elles le restituent tel quel.
La tentation de mixer au casque est forte, mais sachez que cette méthode peut fausser la perception des basses et des arrière-plans sonores. Si vous devez absolument mixer au casque, choisissez un modèle de qualité comme le Sennheiser HD 25 ou le Beyer dynamic DT770. Mais attention, le mieux reste toujours de tester votre mix sur plusieurs systèmes d’écoute.
Égaliser, c’est sublimer
L’égalisation est votre pinceau pour donner du relief aux voix et gommer les imperfections. Par exemple, une voix trop grave pourra être corrigée en réduisant légèrement les basses fréquences (entre 80 Hz et 150 Hz). À l’inverse, une voix trop nasale pourra être adoucie en ajustant les fréquences autour de 1 kHz.
Dans des logiciels comme Reaper ou Pro Tools, vous pouvez appliquer un filtre coupe-bas pour atténuer les sons indésirables situés sous 100 Hz.
Les effets temporels : jouer avec l’espace
Ajouter de la réverbération ou un effet de delay peut transformer une prise de son banale en une expérience immersive. Mais attention, ces effets doivent être utilisés avec parcimonie ! La plupart des logiciels permettent d'ajouter un nombre infini d'effet à télécharger.
Voici néanmoins une liste des effets audio les plus communs :
Réverbération
Si vous souhaitez donner l'impression que l'interview a été enregistrée dans une grande salle ou un espace ouvert, l'ajout de réverbération légère peut apporter une sensation d'ampleur à la voix. Cela fonctionne particulièrement bien si vous voulez que l'environnement sonore du lieu se ressente dans l'audio, comme dans des podcasts d'exploration ou de reportage. Par exemple, pour une interview dans une église, une petite réverbération renforcera l'authenticité du lieu.
Delay (écho)
Utiliser un delay avec parcimonie peut être utile pour donner un effet dramatique à certaines phrases ou dialogues. Par exemple, dans un récit, vous pouvez ajouter un léger delay à une voix pour créer une impression de réflexion ou d'introspection, donnant à l'auditeur le temps de digérer une information importante.
Écho naturel
Si votre podcast contient des passages où le narrateur se trouve dans un endroit vaste comme une montagne ou une vallée, simuler un léger écho naturel peut renforcer la crédibilité de la scène. Cela peut également fonctionner dans des récits où un effet dramatique est recherché, par exemple, dans des dialogues dans une pièce vide ou immense.
Fade in/out
Bien qu'il ne s'agisse pas directement d'un effet temporel comme le delay, le fade peut également être utilisé pour créer une transition fluide entre différentes parties de l'épisode. Par exemple, un fade in progressif sur une musique de fond ou un son d'ambiance en début d’épisode peut préparer en douceur l’auditeur à l'introduction du sujet.
Double tracking léger
Pour souligner un moment particulièrement important, vous pouvez légèrement dédoubler une voix, presque comme un écho rapide, pour renforcer un passage clé. Cela permet de donner plus de gravité ou de poids à une idée sans distraire l’auditeur.
Automatiser : la touche finale
L'automatisation, ou automation dans le jargon audio, est un outil qui permet de programmer des changements progressifs sur certaines caractéristiques de votre piste, comme le volume, les effets ou encore la panoramique (c'est-à-dire la position du son dans l'espace stéréo). Cela vous permet d'ajuster ces paramètres de manière fluide, sans avoir à les modifier manuellement pendant l'écoute.
L'automation pour un podcast
Imaginez que vous avez une musique de fond qui accompagne l'introduction de votre podcast. À un moment, la voix de l'animateur doit prendre le dessus. Grâce à l'automation, vous pouvez baisser le volume de la musique progressivement, pendant que la voix devient plus présente. Cela se fait de manière fluide et sans coupures brusques. Vous n'avez pas besoin de toucher manuellement aux boutons pendant la lecture, tout se fait automatiquement selon les réglages que vous avez préalablement définis.
Concrètement, comment ça fonctionne ?
Tracer des courbes : Dans votre logiciel de montage (DAW), l'automation s'affiche souvent sous forme de courbes. Vous choisissez un paramètre à automatiser (par exemple, le volume), et vous pouvez dessiner une ligne sur la piste pour indiquer où et comment vous voulez que le volume change. Une ligne droite signifie que le volume reste constant, tandis qu’une courbe montant ou descendant indique une augmentation ou une diminution progressive.
Exemple avec la voix et la musique :
Au début de l'épisode, la musique est forte (le point de la courbe est haut).
Quand l'animateur commence à parler, la courbe du volume descend progressivement pour diminuer la musique de fond, jusqu’à ce qu’elle soit presque inaudible (le point de la courbe est bas).
À la fin de l'introduction, si vous voulez que la musique revienne progressivement, vous pouvez faire remonter la courbe pour que le volume de la musique augmente doucement à nouveau.
Automatisation des effets : Vous pouvez aussi automatiser des effets comme la réverbération ou le delay. Par exemple, vous pouvez augmenter la réverbération sur certaines phrases pour leur donner un effet dramatique, puis la réduire lorsque l’effet n’est plus nécessaire.
L'automatisation vous permet de donner de la dynamique et du mouvement à votre mixage. Elle aide à contrôler la progression du son, à maintenir l'attention de l'auditeur et à créer une expérience d'écoute immersive sans avoir besoin d'ajustements manuels continus pendant la lecture.
Exemple d'outil DAW (Digital Audio Workstation) :
Logiciels comme Audacity, Ableton Live, Pro Tools, ou Reaper permettent d'appliquer facilement cette technique, souvent par un simple clic sur un bouton dédié à l'automation, puis en traçant les courbes sur la piste audio.
Logiciel |
Prix |
Caractéristiques |
Difficulté |
Plateformes |
Audacity |
Gratuit |
Éditeur audio simple, idéal pour débutants |
Facile |
Windows, macOS, Linux |
GarageBand |
Gratuit (Apple) |
Intuitif, préinstallé sur Mac, simple d'utilisation |
Facile |
macOS |
Reaper |
60$ - 225$ |
Logiciel léger, très personnalisable, bon rapport qualité/prix |
Modéré à difficile |
Windows, macOS |
Adobe Audition |
Abonnement (20,99€/mois) |
Puissant, nombreuses fonctionnalités pour les professionnels |
Difficile |
Windows, macOS |
Hindenburg |
À partir de 85€ |
Spécialement conçu pour les journalistes et podcasteurs |
Facile à modéré |
Windows, macOS |
Studio One |
75€ - 399€ |
Interface intuitive, bien adapté pour la création audio |
Modéré |
Windows, macOS |
Ableton Live |
79€ - 749€ |
Performant pour l'enregistrement live, bon pour la créativité |
Modéré |
Windows, macOS |
Prenez le temps d’écouter et de laisser reposer.
Le mixage n’est pas une course. Vos oreilles ont besoin de pauses. Le risque de l’écoute prolongée est la fatigue auditive, qui peut fausser votre jugement. Faites des pauses régulières, revenez avec une écoute fraîche, et surtout, testez votre mix sur différents appareils. Un mix qui sonne bien sur des enceintes de monitoring peut être décevant sur un smartphone ou une enceinte Bluetooth.
Faire appel à des pros : l’art de déléguer
Même avec de solides bases, la réalisation audio reste un métier à part entière. Si vous prévoyez une diffusion professionnelle ou publique de votre podcast, n’hésitez pas à faire appel à des ingénieurs du son. Des plateformes comme Auphonic peuvent aussi vous aider à automatiser certaines étapes, mais rien ne remplacera l’expérience humaine.
Pour aller plus loin dans la création de votre podcast
Dans la version PDF complète du guide sur la création de podcasts, vous découvrirez tout ce qu’il faut savoir pour lancer, produire et faire grandir votre propre émission. Dès les premières pages, nous vous accompagnons pour définir une ligne éditoriale claire et cohérente, choisir les bons sujets et le ton pour véritablement captiver vos auditeurs. Vous apprendrez à façonner l'identité graphique de votre podcast avec un visuel et un nom accrocheurs.
Que vous ayez un petit budget ou que vous souhaitiez investir dans du matériel professionnel, nous vous guidons à travers les différentes options de production et de diffusion. Chaque étape, du choix du micro à la réalisation audio, est décryptée pour vous permettre de produire un podcast de qualité. Des techniques de montage avancées à la stratégie de monétisation, chaque épisode de ce guide vous apportera des conseils concrets et des exemples inspirants pour vous aider à faire de votre podcast un véritable succès.